ESPERANCE

Elle surgit cette folle espérance d'un renouveau ciselé de diamants au couleur d'un amour brûlant. Elle exulte tel un trésor sorti tout droit des rêves les plus fous, ceux que l'on cache au fond de sa mémoire, quand au petit matin, l'aube d'un jour appelle à revivre encore et encore ce quotidien morose d'une vie bien rangée.

Elle est là, inscrite au firmament d'un espoir si désiré qu'il suffit d'un mot, d'une tendresse, d'un regard pour rallumer le tison qui se meurt. Nul besoin de s'en convaincre, l'âme assoiffée de passion au-delà de toute raison, s'enflamme en tension, redoutant déception et souffrance, elle entame la valse des doutes et des envies, s'élance dans l'instant d'une volonté pliée, pour faire brusquement confession de revenir à ce bon sens qui tue la vie à petit feu.

Elle est là, cette espérance qui se joue des "qu'en dira-t-on", du regard en forme de dogmes qui se veulent la voie du survivre, menant l'amour à la mort. Vivre pour mourir à petit feu, ou mourir d'amour passionnel, conjuguer ce dilemme à tous les temps du passé, du présent et du futur, jusqu'au jour où le "trop tard" présente la facture d'un vide sidéral. 

Elle est là cette espérance, à la fois tant redoutée et tant recherchée. Elle joue sur les cordes du LA grave, pour exulter en MI Majeur : Tu es ma Mie, je ne saurai ne plus être Là. Elle se chante façon troubadour, dans une espèce de cour des miracles, le temps d'un spectacle, où l'interdit devient tolérance, où l'impossible devient pour un temps, réalité. 

Elle est là tapie dans le creux d'une main tremblante qui ne sait si le chemin vers l'autre trouvera l'issue tant attendue, elle est là cachée dans le sourire aux yeux enflammés, qui se languissent d'un silence sans fin, elle est là, à vouloir croire que de l'étreinte de deux corps jaillira le geyser d'un feu qui ne s'éteindra jamais. 
Elle fait du muet  un parolier aux lettres d'or, du sourd un interprète d'une symphonie venue d'ailleurs. Elle sème dans les cœurs la complainte d'une fleur aux mille pétales, une pour chaque siècle à venir, comme si la vie de l'Amour est immortelle. 

Elle bouleverse, renverse, balaye, comme la tornade "du doigt de dieu", tout sur son passage, pour ne garder dans son paysage, que deux êtres tremblants, libérés de tout carcan, regard hébété, yeux amoureux, pluie de bonheur, de pression relâchée, ils peuvent enfin goûter ce miel ineffable qu'est l'accord en unité de deux âmes qui se reconnaissent, s'aiment et se promettent fidélité à jamais. 

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